L’air que je respire.
L’air que les avions coupent.
David Sordo, Paz Floranes y Diego Dávila
Je suis Marie et j’ai 27 ans. Je suis oncologue et j’habite à Paris mais je
suis née à Nantes.
Je vais vous raconter ce qui s’est passé le 20 septembre 1980.
Le téléphone sonnait et j’étais inquiète: aucun appel à ces heures du matin
ne peut être bon.
Ils téléphonaient de l’aéroport où j’ai laissé Pierre. Ils m’ont dit que
l’avion qui voyageait à Madrid avait eu un accident.
Tout de suite, je me suis sentie coupable parce que j’ai convaincu Pierre
d’aller à ce symposium à Madrid, il ne voulait pas. Mais nous avions besoin
d’argent pour le moment où nous aurions notre bébé. Nous avons pensé à l’avenir
et il semblait qu’il n’y avait pas d’avenir.
C’était lundi soir, ç’avait été une journée très dure parce que c’était mon
premier jour de travail. Sept années d’études et deux de pratiques et celui-ci
était mon premier jour rémunéré comme médecin.
Il n’a pas été facile de m’adapter. En fait, je n’ai pas pu l’obtenir et je
crois que ça sera difficile.
Ce même après-midi j’ai amené Pierre, mon mari, à l’aéroport. Grâce à lui
j’ai étudié médicine. Je préférais devenir infirmière mais il savait que
j’avais des très bonnes notes et je ne pouvais pas gaspiller mon 12,8 dans
l’épreuve d’accès.
Il est deux ans plus âgé que moi et il est un médecin excellent.
J’étais silencieuse pendant que de l’autre côté du téléphone, ils
disaient : «Êtes-vous là?»
J’ai raccroché. J’ai téléphoné à Pierre mais il avait éteint le téléphone.
J’ai commencé à m’inquiéter et j’ai pris la voiture jusqu’à l’aéroport.
Je suis arrivée en pleurant et je suis allée au premier guichet que j’ai
vu.
Ils m’ont accompagnée jusqu’aux bureaux et là, ils m’ont donné des détails.
Ils étaient en train de chercher l’avion parce qu’il était tombé à la mer.
Ils croyaient qu’il y avait des survivants. À ce moment, j’ai su que Pierre
était vivant parce qu’il a toujours
cherché la façon de sortir des problèmes, et de celui-ci, il allait s’en sortir
aussi.
«Pierre doit survivre, merde!» Je me disais. «Ça ne peut pas finir comme
ça». J’étais sûre qu’il était vivant, mais ce n’était pas un conte de fées.
C’était peut-être le désir que j’avais d’avoir des enfants avec lui, de
l’embrasser, de l’avoir a chaque seconde de ma vie où je ne pouvais plus
respirer. J’étais encore à l’aéroport quand j’ai vu les images de l’accident.
«Mon dieu! Nous perdons de l’hauteur, ça doit bien finir, s’il vous plaît.
Monte, avion! Monte, appareil de quatre-vingts tonnes! S’il n’y a pas un
miracle, je dirais que c’est la fin. Pourquoi, Dieu, pourquoi? Maintenant que
je suis heureux, pourquoi tu me l’enlèves. Qu’est-ce qui va arriver à Marie? Je
regrette beaucoup de choses: de ne pas la faire aussi heureuse que possible, de
ne pas l’avoir dans mes bras chaque seconde de cette vie merveilleuse qui
peut-être finira ici»
Seize heures s’étaient passées sans le souffle de Pierre sur mon cou. J’étais
avec ma sœur sur le lit. Elle insistait pour que je mange quelque chose. Mais
pour quoi ? Pour prolonger la souffrance? Ma sœur a quitté la salle.
Soudain, quelqu’un a dit doucement de l’autre côté du lit: «Je serai le vent
dans ton dos». C’était Pierre.
Qu’est-ce qui se passait, je me demandais. Soudainement il a disparu.
«Suis-je folle ou est-ce un fantôme ?» Je pensais que ce serait la
première option.
Quand je me suis retournée, j’ai trouvé Pierre en face de moi avec un
sourire.
J’ai noté que c’était vraiment lui et rapidement je l’ai embrassé malgré le
fait d’être confuse et d’avoir peur.
Il m’a demande, étonné: «Pourquoi tu es tellement nerveuse? J’ai répondu
avec bonheur que, Dieu merci, tout avait été un mauvais rêve où je l’avais
perdu pour toujours.
Avec sa chaleur, j’ai pu comprendre ce qui se passerait si je le perdais et,
comme ça, j’ai appris à apprécier mieux les choses (comme lui).
«Tu es et tu seras toujours l’air que je respire».
No hay comentarios:
Publicar un comentario